Point Break
October 21, 2025« Point Break »
Damien Marly –
Chipiron
Le surf, ce n’est pas juste un sport,
c’est un mode de vie. Comme la moto, c’est une passion qui te prend aux tripes,
te façonne et te marque à jamais. Damien Marly, alias « Chipiron », en
est l’incarnation parfaite : shaper, rider, éternel amoureux de ces deux
mondes, unis par la même soif de liberté et de sensations fortes.
On a eu la chance de pousser la porte
de son atelier d’Hossegor, d’où sortent ces fameux longboards taillés pour les
puristes, qui ont fait sa réputation. Chez « Chipiron », chaque planche
est une pièce unique, façonnée avec amour et respect pour l’histoire du surf.
Des lignes pures, un style intemporel, un hommage aux racines de la discipline.
Ici, on ne suit pas la tendance, on surfe l’essence même de la culture glisse.
À l’entrée de son atelier trône une
superbe Harley Softail Heritage 1340 de 92 et les quelques pièces qui traînent
çà et là, destinées à son prochain projet : la préparation d’un Dominator,
pensé pour les road-trips entre copains.
En attendant la traditionnelle balade à
moto, il nous fait visiter son antre et nous explique comment, à partir d’un
simple pain de mousse, il parvient à créer ces planches aux couleurs si
profondes et aux finitions impeccables, qui feront le bonheur de plus d’un
rider.
Ayant grandi entre Pau et Anglet, il
est littéralement né sur un surf, passe son monitorat il y a une vingtaine
d’années et rapidement s’intéresse à la fabrication. Il nous explique en
rigolant que, comme pour la mécanique, on commence à l’arrache, en faisant un
maximum d’erreurs :
« T’achètes un pain de mousse,
t’as rien, ni atelier, ni matos et à l’époque, il n’y avait ni YouTube ni
tutos. Juste une vieille K7 VHS qui circulait entre nous. »
Il se met à importer des pains de
mousse ainsi que les matières premières, résine, fibre… et devient rapidement
le fournisseur de nombreux shapers en France et en Espagne. Il traîne alors
dans les ateliers, se fait la main sur des pains basiques, progresse vite,
influencé par tous ces artistes qu’il côtoie au quotidien.
Et puis, un jour, un pote lui demande
de lui fabriquer une planche.
Ainsi est né « Marly SurfBoards
»,
« Ca faisait trop américain ! » me dit-il en se marrant.
Il cherche alors un nom qui lui
correspond mieux, un nom français, local, qui inspire la sympathie. Et un
matin, encore au fond de son plumard, c’est la révélation :
« Je vais m’appeler Chipiron ! »
L’identité de sa boite, en 2025, repose
vraiment sur ces trois axes : le textile, l’école de surf et les planches sur
mesure.
« Je suis à l’atelier le matin, ou à
l’eau selon les conditions et l’après-midi, je suis au magasin, comme un
boulanger en fait ! »
Pour la fabrication d’une planche, il
faut compter deux mois, mais réellement deux semaines de travail effectif.
« Alors, comment fabrique-t ’on un
longboard ? »
« On achète un pain de mousse brut, on
le shape, on lui donne sa forme, puis intervient mon glaceur. Un véritable
artiste. Il applique la fibre de verre et coule la résine teintée. La forme étant
déjà créée par mes soins. En fonction de la demande du client, on choisit
ensemble la couleur. On peut aussi insérer du tissu sous la résine. Ensuite, il
faut poncer l’ensemble jusqu’à obtenir un rendu parfaitement lisse. Puis, toujours
selon les envies du surfer, on décide de la finition : mat, satiné, brillant… »
Damien nous explique qu’il a des
modèles déjà éprouvés, des shapes qui ont fait leurs preuves et que ses clients
adorent. Une base solide sur laquelle il s’appuie, tout en développant de
nouvelles choses.
« Je fais évoluer des modèles,
j’expérimente. Parfois, certaines nouveautés ne plaisent pas à tout le monde,
mais de manière générale, je sais ce qui marche ou pas. »
Ses premiers souvenirs de moto
remontent à son enfance : des sessions pieds nus en short sur un PW50 aux
Sables d’Or, directement sur la plage. Une attraction estivale organisée alors par
des forains.
« C’était génial ! T’imagines ça
maintenant ? »
Pourtant, plus jeune, il s’éloigne de
cet univers, conscient du danger et de son manque de lucidité. Ce n’est que
bien plus tard, quand son pote Marteen, avec qui il passe le plus clair de son
temps à rider, lui lance un jour :
« Tu sais, le type de la moto-école, je
suis sûr que tu peux lui troquer une planche contre un permis ! »
« Le type me file un 600 roadster,
et go ! Et là, j’hallucine ! Je n’avais pas pris en compte les vibrations,
l’excitation, cette sensation brute. C’est une révélation. Je me retrouve avec
un permis que je n’avais même pas prévu de passer. Et une nouvelle passion
dévorante ! »
Toujours attiré par le voyage et les
surf trips — déjà gamin, il partait avec ses parents à l’aventure — il réalise
d’un coup l’immensité des possibilités qui s’offrent à lui. La moto, c’est une
nouvelle porte qui vient de s’ouvrir, un ticket pour la liberté. Du coup, il
s’achète un Super Ténéré XTZ… et finit par s’envoler sur un rond-point. Petite
frayeur, il repart sur une ER5, histoire de retrouver confiance. Puis viennent
un quatre-pattes Seven, trois ou quatre autres modèles du même type, des virées
en autonomie, en bivouac… avant de se tourner définitivement vers les trails,
toujours anciens, pleins de charme et de sensations.
Très branché tout-terrain, il enchaîne
les XL et XLM, qu’il aime retaper avant de les revendre rapidement pour passer
sur autre chose.
« Évidemment, j’ai une forte tendance à
ne pas rentrer de mes trips, vu que je tombe souvent en panne. Je me retrouve
en carafe, parfois au milieu de la montagne, mais ça fait des anecdotes à
raconter et surtout, ça me permet de rencontrer des gens ! Et ça, une T7 neuve
t’empêchera toujours de le vivre ! »
Note du rédacteur : j’ai été
témoin de ses pannes lors d’un road-trip après confinement en effet !
« Et puis, j’ai maintenant cette Harley
qui sort tout juste de révision. Cette brêle, c’est l’Amérique ! Tu montes
dessus, t’es bercé par le ronron du gros moulin, bien calé sur la selle à la
mode indienne. C’est vraiment le pied ! »
En parallèle à toutes ces activités chronophage et avouons-le, super marrantes, Damien propose aussi un « surf guiding » pour optimiser les rares jours off de clients pressés : meilleurs spots du Sud-Ouest, conseils avisés et boards shapées maison à dispo. Avis aux amateurs : avec lui, aucun risque de s’ennuyer ! C’est LA bonne adresse pour surfer les crêtes des plus belles vagues et des plus belles pistes de la région.
Voyez vous-même : www.chipiron.fr ou sur Insta : @chipironsurf