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BALKAN RALLY


  • Text and Photos : David Marvier / Scroll down for English version

Véritable course
d’endurance sur route ouverte parcourant Hongrie, Croatie, Bosnie et Monténégro,
le « Balkan Rally » est un road-trip résolument vintage, traversant
des paysages aussi superbes que méconnus. Une course contre la montre, voyage
dans le temps, épicé d’une touche d’élégance et d’une bonne dose de nostalgie.

Cette aventure est organisée
par GoBeyond.travel, agence de voyage hongroise pilotée par Jano, grand spécialiste
de périples atypiques. Du ski freeride au Japon aux virées à moto dans
l’Himalaya en passant par des surf-trips exotiques, leur expertise est
incontestable, professionnalisme et bonne humeur, leur leitmotiv.

10 septembre 2023

Sur le parking d’un hôtel de Budapest au look résolument soviétique,
s’installe le premier paddock. C’est là que je récupère ma Yam T7, prêt à
suivre les compétiteurs et à capturer au mieux ce voyage de plus de 1300 km. Une
extension, le long de l’Adriatique, rajoute une sixième journée de 400 bornes pour
ceux qui ont le temps de pousser l’aventure.

C’est un véritable rassemblement « youngtimers » 80,
un hommage à la grande époque où l’automobile était encore synonyme de charme
et de caractère. Sur le paddock trônent une Audi Coupée 85, des BMW M3, 635 M6,
320I ou encore cette énigmatique Volvo Turbo ES, au design si singulier. On repère
aussi de vraies classiques, comme cette superbe Austin-Healey
“Frog-Eyes” de 59, rappelant une époque révolue, créative, où l’on se
souciait peu de sécurité, ou encore cette splendide Alfa Bertone 2000 de 75 la
reine des rallyes, cette Spitfire MK1 de 65 dans sa livrée bleu ciel, les immanquables
Porsche, Mustang… Et l’on n’oubliera pas de noter la petite flotte de motos
néo-rétro, fières mais discrètes participantes.

C’est un vrai rallye de régularité : le roadbook est le seul
moyen de navigation autorisé. Les équipages suivent méticuleusement les
indications couchées sur papier, convergent vers des check-points où un membre
de l’orga enregistre les heures de passage et propose une énigme à résoudre
dans les plus brefs délais. Ces lieux, choisis avec soin, sont toujours
positionnés sur des points de vue pittoresques.

Le souci du détail toujours.

Levente, le directeur de course, a imaginé un concours où
chaque équipage prend une photo par check-point, utilisant un « Instax »,
petit appareil polaroïd fourni en début de voyage. Résolument vintage, celui-ci
s’intègre parfaitement à l’esprit de la course. L’idée est de rendre cette
compétition un peu plus interactive, où le coureur raconte lui aussi une
histoire, travaille ses méninges et ne fait pas que conduire en luttant contre
le temps ! Les photos sont collées dans un album remis lors de la
cérémonie d’ouverture. Les images d’endroits inappropriés ou manquantes font
l’objet d’une déduction de points. A contrario, les photos bien réalisées en offrent.

Afin d’éviter les retards tactiques, les 20 derniers
kilomètres d’étape sont limités à 1 arrêt de 5 min max et la vitesse moyenne ne
doit pas être inférieure à 20 km/h.

Toute infraction entraîne évidemment une baisse de capital.

Le rallye se révèle être un concours complexe où les résultats
sont calculés sur les temps de parcours quotidiens, le respect de l’itinéraire,
la résolution des énigmes et la créativité des défis photographiques.

Au départ, chaque équipage est doté d’un capital de 1000
points.

Chaque soir, on récupère l’itinéraire du lendemain, avec
temps idéal de parcours et position des check-points à ne pas manquer !

En cas de galère, un numéro spécial est fourni pour une aide
en ligne, au tarif de -25 points.

Tout écart, dans quelque sens que ce soit, par rapport à
l’heure d’arrivée idéale entraîne une déduction de 1 point par minute.

Tout écart par rapport à l’itinéraire idéal entraîne une
déduction de 1 point par kilomètre entre l’heure d’arrivée et l’heure de
départ.

Si l’écart est supérieur à 1 heure ou 100 kilomètres, la
perte maximale est de 100 points.

Les autos et motos sont équipées de balises, permettant leur
géolocalisation et un contrôle pointu de leur trajet.

Première soirée étape en Hongrie, dans un bel hôtel de la
bourgade de Keszthely, assoupie sur les rives du lac Balaton, le plus vaste
d’Europe centrale. Aussi vaste qu’une mer, y paradent quelques cygnes, y tentent
leur chance quelques pêcheurs.

Traversée de la frontière croate, découverte d’une campagne
impeccable, tirée au cordeau. On atteint rapidement la République Serbe de
Bosnie-Herzégovine, direction Banja Luka. Cette fois je roule un peu plus avec
les motos… que je perds très vite. Je m’arrête, shoote, profite de la vue, des
grandes forêts, des petits villages assoupis qui se ressemblent un peu tous,
héritage tristoune du communisme soviétique.

Le soleil est accablant. Je me félicite d’avoir pensé à mon fidèle
Camel Bak que je sirote allégrement, luttant contre la déshydratation qui
guette.

Sarajevo.

Pour ceux nés avant 1985, ce nom est inhérent au souvenir
des atrocités d’une guerre fratricide entre Serbes et Bosniaques. La ville,
tout en longueur, encaissée, est incroyable. Elle porte encore des stigmates du
conflit. L’architecture multiculturelle est très éclectique, entre période
Austro-Hongroise à période royaliste Yougoslave en passant par l’affreuse reconstruction
d’après-guerre. Entre mosquées et églises, d’immenses barres d’immeubles
défraichies s’alignent. Tout ce melting-pot improbable me donne envie de m’arrêter
et de flâner le nez en l’air dans les ruelles.

Je me promets d’y revenir.

Le lendemain, nous longeons un long canyon au fond duquel serpente
paisiblement la rivière Vrbas. C’est impressionnant, sauvage et montagneux.  

Visite de l’église brutaliste Saint Elijah à Kiseljak. La
Bosnie correspond assez bien à ce à quoi je m’attendais : rurale, parsemée de
petits villages et ponctuée de bâtiments post-communistes, caractérisés par l’utilisation
intensive de béton et de métal.

Déjeuners pantagruéliques de viande grillée arrosés de bière
fraîche.

Et puis c’est le Monténégro. Et là, c’est la découverte d’un
splendide petit pays, qui semble créé pour le road-trip parfait. Nous y pénétrons
par un poste frontière isolé au nord pour ensuite traverser le parc national du
Durmitor. De grandes falaises karstiques, taillées par la main de géants,
culminent à 2500m d’altitude. Un paysage à couper le souffle vraiment, dans un
site classé patrimoine mondial de l’UNESCO. De petites fermettes jalonnent la
route minuscule qui zigzague sur un plateau bosselé. Des bottes de pailles en
forme de poire s’alignent, de vieux break de fabrication russe rouillent
paisiblement et ces montagnes superbes, quelques cabanes… c’est vraiment de
toute beauté, bucolique à souhait.

Avec Sarajevo sera sans doute le moment le plus marquant du
voyage.

Puis vint la dernière étape, Kolasin - Kotor, qui se termine
dans un hôtel fort luxueux en bord de marina, sur l’Adriatique, d’un bleu
profond, calme et majestueuse.

Le coucher de soleil est fidèle à lui-même. C’est l’heure
d’un bon cocktail, d’un dîner aux chandelles et de la remise des prix avec feux
d’artifice. L’équipage de la Mercedes 230SL 1964 remporte le rallye haut la
main. Suivi par le prix « Perfect gear » et « Fair play
award ».

Le lendemain, nous profitons de l’extra-étape en bord de mer
au sud de la Croatie. La compétition est terminée. L’heure est à l’enchainement
des courbes dans un décor de carte postale.

L’année prochaine, le « Balkan Rally » changera
d’itinéraire et traversera la Hongrie puis les montagnes de Serbie pour
terminer de nouveau au Monténégro.

Le départ est fixé du 07 au 14 septembre 2024. A vos
agendas !

Je vous y attends !

(Infos : greatbalkanrally.com)


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« Balkan Rally »

As a true endurance race on open roads through
Hungary, Croatia, Bosnia and Montenegro, the “Balkan Rally” is a
resolutely vintage road-trip through landscapes as superb as they are
little-known. A race against the clock, a journey through time, spiced up with
a touch of elegance and a healthy dose of nostalgia.

This adventure is organized by GoBeyond.travel,
a Hungarian traveling agency headed by Jano, a specialist in atypical journeys.
From freeride skiing in Japan to motorcycle tours in the Himalayas and exotic
surf-trips, their expertise is unquestionable, and their professionalism and
good humor their leitmotiv.

September 10th 2023

The first paddock is set up in the parking lot
of a resolutely Soviet-looking Budapest hotel. This is where I pick up my Yam
T7, ready to follow the competitors and capture the best of this 1300 km
journey. An extension, along the Adriatic, adds a sixth day of 400 km for those
who have time to push the adventure.

When it comes to cars, it’s a real
“youngtimers” 80s gathering, a tribute to the great era when the
automobile was still synonymous with charm and character. The paddock features
an Audi Coupe 85, BMW M3s, 635 M6s and the enigmatic Volvo Turbo ES with its
distinctive design. There are also some real classics, such as this superb
Austin-Healey “Frog-Eyes” from ‘59, reminiscent of a bygone, creative
era when safety was of little concern, or this splendid Alfa Bertone 2000 from
‘75, the queen of rallies, the inevitable Porsches, Mustang…

The motorcycle line-up is less vintage and more
neo-retro.

I immediately notice a splendid MV Augusta
SuperVeloce S parked beside a real old lady : a classic BMW R90 from 1974, but
also a Bonneville T120 and of course this splendid Harley-Davidson Softail
Deluxe from 2008…

An eclectic parking lot just the way I like it!

It’s a true regularity rally: the roadbook is
the only authorized means of navigation. The crews meticulously follow the
instructions on paper, converging on checkpoints where a member of the staff
records the times they have passed and suggests a riddle to be solved as
quickly as possible. These carefully chosen locations are always positioned on
picturesque vantage points.

Attention to detail.

Race director Levente has imagined a
competition in which each crew takes a photo at each checkpoint, using an
“Instax”, a small Polaroid camera supplied at the start of the trip.
Resolutely vintage, it fits in perfectly with the spirit of the race. The idea
is to make this competition a little more interactive, where the runner also
tells a story, works his brain and doesn’t just drive and fight time! The
photos are collated in an album and handed over at the opening ceremony.
Inappropriate or missing images are deducted points. On the other hand,
well-executed photos earn points.

To avoid tactical delays, the last 20 km of
each stage is limited to 1 stop of 5 min max, and the average speed must not be
less than 20 km/h.

Any infringement of this rule will, of course,
result in a capital loss.

The rally turns out to be a complex competition
in which results are calculated on daily journey times, respect for the
itinerary, solving riddles and creativity in photographic challenges.

At the start, each crew is awarded a capital of
1,000 points.

Each evening, the itinerary for the following
day is provided, with the ideal journey time and the position of checkpoints
not to be missed!

In case of difficulty, a special number is
provided for online help, at a cost of -25 points.

Any deviation in any direction from the ideal
arrival time results in a deduction of 1 point per minute.

Any deviation from the ideal route results in a
deduction of 1 point per kilometer between the arrival time and the departure
time.

If the deviation exceeds 1 hour or 100
kilometers, the maximum loss is 100 points.

Cars and motorcycles are fitted with beacons,
enabling them to be geolocated and their routes to be closely monitored.

First night in Hungary, in a beautiful hotel in
the sleepy town of Keszthely, on the shores of Lake Balaton, the largest in
Central Europe. As vast as a sea, a few swans parade here and a few fishermen
try their luck.

Crossing the Croatian border, we discover an
impeccable countryside. We soon reach the Serbian Republic of
Bosnia-Herzegovina, heading for Banja Luka. This time I ride a little more with
the bikes… which I soon lose. I stop, shoot, enjoy the view, the great
forests, the sleepy little villages that all look a bit the same, a sad legacy
of Soviet communism.

How I love this T7 on these winding roads. Fast
and powerful, it’s the ideal weapon for a photographer in action.

The sun is overpowering. I congratulate myself
on having thought of my trusty Camel Bak, which I sip happily, fighting against
the imminent dehydration.

Sarajevo.

For those born before 1985, this name is
inherent in the memory of the atrocities of a fratricidal war between Serbs and
Bosnians. The city, long and steep, is incredible. It still bears the scars of
the conflict. The multicultural architecture is eclectic, ranging from the
Austro-Hungarian to the Yugoslav royalist periods, not to mention the dreadful
post-war reconstruction. Mosques and churches are interspersed with huge,
dilapidated blocks of flats. All this improbable melting pot makes me want to
stop and stroll through the narrow streets with my nose in the air.

I promise myself I’ll be back.

The next day, we drive along a long canyon at
the bottom of which the Vrbas River meanders peacefully. It’s impressive, wild
and mountainous. 

Visit to the Brutalist church of Saint Elijah
in Kiseljak. Bosnia is pretty much what I expected: rural, dotted with small
villages and dotted with post-communist buildings, characterized by the
intensive use of concrete and metal.

Pantagruelian lunches of grilled meat washed
down with cold beer.

And then it’s Montenegro. And then it’s time to
discover a splendid little country, seemingly created for the perfect
road-trip, especially on a motorcycle. We enter through an isolated border
checkpoint at the northern end of the country, before crossing the Durmitor
National Park. Huge karst cliffs, carved by the hands of giants, rise to an
altitude of 2,500m. A truly breathtaking landscape, in a UNESCO World Heritage
site. Small farmhouses dot the tiny road that zigzags across a bumpy plateau.
Pear-shaped bales of straw line up, old Russian-made station wagons rust away
peacefully and these superb mountains, a few huts… it’s truly beautiful,
bucolic as can be.

With Sarajevo will undoubtedly be the most
memorable moment of the trip.

Then came the final leg, Kolasin - Kotor,
ending in a luxurious marina-side hotel on the deep-blue, calm and majestic
Adriatic.

The sunset is true to itself. Time for
cocktails, a candlelit dinner and the prize-giving ceremony with fireworks. The
1964 Mercedes 230SL wins the rally hands down. Followed by the “Perfect
gear” and “Fair play award”.

My Austrian friend Wolfgang won the motorcycle
prize on his beautiful MV Agusta Superveloce. Can you imagine 6 days of intense
riding on this demanding Italian sports bike? And its style is unmistakable,
with its beautiful combination signed by Spanish designer “El
Solitario”.

The next day, we enjoy the extra stage by the
sea in southern Croatia. The competition is over. Now it’s time for a
succession of curves in a picture-postcard setting.

Next year, the “Balkan Rally” will
change its route, crossing Hungary and then the mountains of Serbia, to finish
once again in Montenegro.

Departure is set for September 07 to 14, 2024.
Mark your calendars!

I look forward to seeing you there!

(Info: greatbalkanrally.com)

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